3 questions à... Alexis Rostand

Interview d'Alexis Rostand

Qu’entend-on par catastrophe aujourd’hui ?

 

À la fois tout et rien. Ce qu’il y a de singulier dans la notion de catastrophe, c’est qu’elle parle au cœur de tous, tout en revêtant des formes très diverses, et lorsqu’on en explore l’essence, l’on découvre autre chose que ce que le sens commun admet. Usuellement, la catastrophe est un effondrement mais l’on ne saurait s’en satisfaire. Ce pour quoi il faut aller au-delà de la catastrophe, et du désespoir qu’elle inspire, pour y trouver une occasion de dépassement.

 

Comment la conscience moderne et progressiste voit-elle la catastrophe ? En quoi la conscience pré-moderne et chrétienne se distingue-t-elle de cette vision ?

 

Les modernes voient la catastrophe comme un obstacle à éviter dans la marche de l’humanité vers un avenir radieux. C’est une anomalie qui contrarie la réalisation du paradis sur terre et, le plus souvent, il n’est admis de parler de catastrophe qu’à partir du moment où elle s’inscrit bien dans ce discours teinté d’un millénarisme séculier. Pour les chrétiens, la catastrophe a déjà eu lieu, depuis le péché originel, et elle est une occasion de réaliser son salut par la rédemption. C’est une perspective radicalement inverse.

 

La catastrophe serait-elle une question de regard ?

 

La vraie catastrophe est, à mon sens, de perdre le sens de la catastrophe, c’est-à-dire de la finalité de nos existences. Et puisque l’œil est la fenêtre de l’âme, c’est naturellement dans le regard que l’on porte sur le monde et sur soi-même que se concentre l’essentiel des enjeux. La catastrophe est donc dans le regard et c’est en modifiant son regard que l’on transcende la catastrophe.

Dédicace - 25 juin 2025 - 18h-20h