Peut-on encore parler de nature humaine pour parler de l’homme aujourd’hui ?
L’homme d’aujourd’hui est d’aujourd’hui, mais il est d’abord un homme. Il a nécessairement beaucoup en commun avec les autres hommes. Les circonstances de la vie humaine – techniques, vêtements, mœurs, etc. - changent certes beaucoup selon les lieux et les temps, selon la « culture » considérée, mais les hommes ont toujours le besoin et la capacité de se nourrir, se vêtir, se reproduire, organiser la succession des générations, répartir les travaux, fixer et faire respecter les règles communes, etc. Ces qualités réunies définissent une nature remarquablement stable sous la diversité des cultures – la nature d’un animal politique et rationnel, selon la formule ciselée par Aristote il y a 2400 ans.
En quoi la loi naturelle est-elle essentielle aux sociétés ?
La nature humaine se définit par un faisceau de tendances qui sont aussi des capacités – tendances plus ou moins fortes, capacités plus ou moins développées. La vie oblige à activer ces tendances et capacités de la manière la plus judicieuse. Cette règle judicieuse, c’est la loi naturelle, soit la somme des informations les plus utiles concernant nos facultés pour ordonner la vie humaine.
Auriez-vous un exemple concret de ce que l’on entend par loi naturelle ?
Par exemple, la reproduction et l’éducation de l’espèce humaine réclament l’union stable des sexes. Celle-ci peut prendre la forme de la polygamie ou de la monogamie. Les circonstances peuvent favoriser tantôt l’une tantôt l’autre. La polygamie introduit cependant une différence de condition entre l’homme et la femme qui n’a pas d’appui dans la nature et qui n’est pas favorable à l’affection réciproque particulièrement nécessaire à une telle relation. On dira que la monogamie est conforme à la loi naturelle.